Norval Morrisseau dans sa jeunesse
1932-1956

Morrisseau, Artist as Child: Self representation of Morrisseau as a fetus in Womb (Mother Earth), 1976.

1932

 

Jean Baptiste Norman Morriseau [le 2e « s » est ajouté plus tard] naît le 14 mars 1932 à Fort William, en Ontario. L’aîné d’une fratrie de cinq frères d’Abel Morriseau et de Grace Theresa Potan Nanakonagos, on le baptise environ deux semaines après sa naissance à l’église catholique de Fort William. Comme le veut la tradition, Norval, comme l'on l'appelle, est élevé par ses grands-parents maternels, Moses Potan Nanakonagos et Vernique Nanakonagos.

Transcription de la note de Morrisseau, rédigée au crayon de plomb au verso de Artist as Child: Self representation of Morrisseau as a fetus in Womb (Mother Earth) :

 

Artiste – vision intérieure de lui-même
Où il se projette  
Comme un enfant spirituel ou un fils spirituel.
Du grand et puissant ventre cosmique.
Le 20 mars 1976
Étude de soi
En réalité. Tu dis
J’ai en effet  
Avancé dans ma réflexion  
Atteint un niveau spirituel  
Supérieur au tien il y a 3 ans—
Merci ma puissance supérieure

"Indian Residential School," 1940

1939

En septembre 1939, Abel Morriseau inscrit son fils, Norval, au pensionnat indien St. Joseph, à Fort William. À son admission, on note que Norval mesure 59 pouces et pèse 53 livres. 

Son frère, Ron, le rejoint à St. Joseph l’année suivante. 

1940

En 1940, Morrisseau se fait écraser par un chariot à roue en tandem. Il raconte : « à l’âge de neuf ans, au pensionnat dirigé par les sœurs de l’ordre de St. Joseph, je me suis fait écraser par deux paires de deux roues, quatre en tout, sur un sol dur. Ma jambe, mon estomac et mon bassin se sont lentement fait broyer. On m’a emmené dans une salle et le père Galager, maintenant un évêque, a été appelé pour venir me donner les derniers sacrements de l’Église catholique… J’ai eu une vision de ma grand-mère, 150 miles plus loin. Elle marchait vers moi et m’a dit “Mon petit-fils, n’aie pas peur, relève-toi”… Une heure plus tard, je courrais partout. » (Archives Okanski au Centre culturel de Red Lake.)

Logan Fiddler, l’arrière-petit-fils de Norval Morrisseau, lit en anglais une citation de ce dernier en 2023.

 

1941

La famille de Morrisseau déménage à Beardmore en 1941 et il fréquente une école de la région pendant deux autres années. (Il règne une certaine confusion quant à sa scolarité, car un autre document indique que Norval a été renvoyé de l’école St. Joseph en 1946.)

    Pensionnat indien de St. Joseph fréquenté par Norval Morrisseau, 1928

    Au départ, l’école avait la vocation d’orphelinat et d’école catholique sur la réserve indienne de Mission, près de Fort William.

    Dans les années 1880, elle commence à recevoir du financement du gouvernement fédéral.

    Un incendie détruit l’école en 1895, mais on la reconstruit la même année.

    On la relocalise ensuite à Fort William en 1907 en la nommant la St. Joseph’s Indian Industrial School. Comme sa politique consiste à prendre en charge tous les enfants qui s’y présentent, il y existe un problème de surpopulation persistant.

    Du milieu des années 1960 jusqu’à sa fermeture, l’école agit uniquement comme résidence pour les élèves des écoles de jour de la région. (Centre national pour la vérité et la réconciliation)

    1945

     

    En 1945, Norval Morrisseau entreprend une quête de vision avec l’aide de son grand-père. Il explique dans le documentaire de l’ONF Norval Morrisseau : un paradoxe (1974) avoir reçu la visite d’un ours sacré lors de la cérémonie sur une île du lac Nipigon. Morrisseau peint de nombreux ours sacrés tout au long de sa vie.

    Norval Morrisseau, Totem Bear, 1968.

    Morrisseau raconte l'histoire de son nom, 1950-1962.

    1950

     

    Norval Morrisseau tombe gravement malade et une femme-médecine du nom de Mary Boucher est appelée pour accomplir une cérémonie de guérison. Morrisseau appelle cette femme Neekanip Binasi-go-way ou Femme à la tête de tous les oiseaux.

    Lors de la cérémonie, Norval reçoit le nom de Osawah bego Binesa ou Miskwaabik Animikii (Morrisseau épelle aussi son nom « Oh-sah-wah-be-go binesi ») ou Oiseau-Tonnerre de cuivre.

    1956

     

    Morrisseau contracte la tuberculose et, tandis qu’il se rétablit au sanatorium de Fort William, il rencontre sa future épouse, Harriet Kakegamic.

    Norval Morrisseau, Artist's Wife and Daughter, 1975.

    Le jeune couple s’installe dans un petit chalet à l’île McKenzie, près de Cochenour, en Ontario. Morrisseau vend des paniers ainsi que des tableaux sur du contreplaqué et de l’écorce de bouleau là où il peut, notamment au magasin général de Fergus McDougall, à l’île McKenzie.

     

    1956-1957

     

    Norval pratique la trappe et occupe divers emplois, notamment sur des chantiers de coupe à bois, de construction d’autoroutes et de pipelines.

    Christine Penner-Polle, Norval Morrisseau and the Woodland Artists: The Red Lake Years, 1959–1980, Red Lake Cultural Centre, Red Lake, 2008, p. 23.

    Norval Morrisseau, Man Changing into Thunderbird (Two Birds) | Untitled (Man Transforming into Thunderbird), 1958.

    Dès ses débuts artistiques, Norval Morrisseau expérimente avec les concepts spirituels de la transformation.

    Dans cette œuvre, un procédé de métamorphose unit l’Oiseau-Tonnerre à un chaman, représenté à la fois avec une aile et un bras, des serres et une jambe. Ses premiers tableaux, réalisés sur de l’écorce de bouleau, révèlent le vocabulaire artistique naissant de Morrisseau et le type d’art qu’il commence à vendre dans la région de Red Lake.

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