La vie dans l’Ouest et Magiciens de la Terre
1989-1993

La vie en Colombie-Britannique

En 1989, Morrisseau habite sur la côte ouest, en Colombie-Britannique. avec son fils adoptif Gabe Vadas. Morrisseau rencontre également Cory Dingle, alors un jeune étudiant, qui se lie d’amitié avec l’artiste. Aujourd’hui, Dingle est le directeur de sa succession.

Morrisseau est invité à représenter le Canada avec les artistes Jeff Wall et Paulosee Kuniliusee Morrisseau lors de l’exposition internationale Magiciens de la Terre à Paris en 1989. À l’occasion de l’exposition, Morrisseau se rend à Paris avec Gabe Vadas sous l’égide d’AANC/MAECI.

Magiciens de la Terre

Le commissaire Jean-Hubert Martin a sélectionné plus d’une centaine d’artistes du monde entier pour l’exposition Magiciens de la Terre

Norval Morrisseau, Paulosee Kuniliusee et Jeff Wall représentent le Canada.

Cette photographie, publiée dans le catalogue de la rétrospective (p.179), vient de la collection de la succession.

Magiciens de la Terre se veut un plaidoyer pour l’universalité de l’impulsion créatrice et s’efforce d’offrir une expérience esthétique immédiate d’œuvres d’art contemporaines du monde entier, présentées sur un pied d’égalité.

Magiciens de la Terre, Plan de l'installation, Centre George Pompidou

… la transformation progressive de Magiciens de la Terre – d’une exposition se voulant « internationale » en 1989 en un véritable lieu de débat mondial – nous oblige à l’entrevoir sous un jour encore plus complexe qu’à première vue. En effet, l’exposition aborde à la fois la production symbolique, l’ordre géopolitique et la compréhension intellectuelle de notre monde.

Pour en savoir plus, visitez le site Web de l’exposition : Annie Cohen-Solal,

Installation de deux œuvres de Morrisseau à Magiciens de la Terre, Life Regenerating et The Great Flood, 1989.

Installation de deux œuvres de Morrisseau dans Magiciens de la Terre, Life Regenerating et The Great Flood, 1989.

Page du catalogue des Magiciens de la Terre (1989), p. 205.

    Ce tableau a été présenté lors de l’exposition Magiciens de la Terre à Paris en 1989. L’œuvre évoque les liens entre les êtres sacrés aquatiques.

    La truite, au centre de la toile, porte des œufs et se trouve reliée par des lignes et des faisceaux d’énergie à une tortue, des huards et à d’autres oiseaux aquatiques. 

    Norval Morrisseau, Life Regenerating, 1977.

    Norval Morrisseau, The Great Flood (Design for City Hall Mural Competition), 1976.

    Le tableau, aussi appelé The Great Flood 1975 (Le déluge 1975), figure aussi dans la publication de 1979 intitulée The Art of Norval Morrisseau.

    Morrisseau a réalisé la maquette dans le cadre d’un concours pour une grande murale de la mairie de Toronto. Même s’il n’a pas remporté le concours, son œuvre a été achetée. 

    Elle est présentée à Paris dans le cadre de l’exposition Magiciens de la Terre, en 1989. Cette pièce remarquable illustre aki et nebi avec des êtres sacrés et des animaux interreliés par des lignes et des couleurs.

    En 1990, Don Robinson rend visite à Morrisseau à White Rock, en Colombie-Britannique, et lui offre un contrat avec la Kinsman Robinson Gallery de Toronto. La galerie Kinsman Robinson représente Morrisseau pour le reste de sa vie. 

    Robinson met sur pied cette exposition d’œuvres aux couleurs vives, et Morrisseau voyage à Toron pour assister au vernissage. Kinsman Robinson publie deux ouvrages et plusieurs catalogues d’exposition sur l’art de Morrisseau jusqu’à la fermeture de la galerie en 2022.

    Atteint de la maladie de Parkinson, Morrisseau continue à peindre avec l’aide d’apprenti-e-s.

    Catalogue d'exposition pour Travels to the House of Invention, Kinsman Robinson Gallery, 1991.

    Norval Morrisseau, Grandfather Sharing Stories with All Living Beings, 1989.
     

    Réalisé vers la fin de sa carrière, ce dessin, où le trait sert à communiquer une histoire, témoigne de l’importance que revêtent les récits intergénérationnels pour l’artiste.

    Norval Morrisseau, Onaman Legend, 1989.

    Bien que Morrisseau n'utilise que des encres rouges et noires dans ce dessin de fin de carrière, il transmet la signification spirituelle de l'onaman ainsi que les sables colorés de l'histoire qu'il a racontée dans son livre Legends of My People (1965). L'Oiseau-Tonnerre est représenté en train de transporter le castor, perforant son corps et le sang se répandant sur le sable en contrebas. Morrisseau inclut des lignes d'énergie entre les ailes de l'oiseau-tonnerre et les montagnes.

     

    Norval Morrisseau, Untitled (Giants Travelling), 1989.

    Le dessin, achevé vers la fin de sa vie, reprend de nombreux éléments narratifs mis en œuvre par Morrisseau en début de carrière. À ce stade-ci, l’artiste ajoute des descriptions visuelles plus détaillées des lieux, notamment des montagnes et des arbres, et recourt à une plus grande profondeur de champ.

    Dessiné en panneaux, le bas du dessin se compose de poissons sacrés. Sur la Terre se trouvent des tentes tremblantes et des figures d’ancêtres. Au-dessus, des figures géantes avec des coiffes chamaniques surplombent les montagnes et communiquent avec le ciel.

      Norval Morrisseau, Untitled (Phallic Shaman), 1989.
       

      Morrisseau présente un chaman doté d’un phallus imposant, entouré de sept symboles phalliques reliés par des lignes et des couleurs. En arrière-plan, les deux tons de bleu reflètent le caractère spirituel de cette fusion. 

      Norval Morrisseau, Untitled (Grandfather Snake Water), 1990.

      Peint en fin de carrière, ce serpent cornu reprend de nombreuses caractéristiques des serpents créés quarante ans plus tôt. 

      Dans cette version, Morrisseau élabore un paysage aquatique composé d’îles et d’ancêtres en canots. Dans le coin gauche, l’artiste représente une tente avec un grand-père-chaman et un jeune garçon qui communiquent avec le serpent-médecine.

      Norval Morrisseau, In Honor of Native Motherhood, 1990.
       

      Morrisseau souligne à maintes reprises l’importance de la maternité dans son art. Cette œuvre, réalisée dans les années 1990, illustre de puissants liens qui trouvent écho dans l’humanité tout entière et au-delà de celle-ci.

      Norval Morrisseau, In Honor of Native Motherhood, 1990.

      Au dos de la toile, Morrisseau a joint un commentaire destiné à expliciter la signification de l’œuvre :

      « Motif de la mère et de l’enfant : en l’honneur de la maternité autochtone

      et de son petit-fils.  

      Pour tous les peuples des Premières Nations, c’est un don spirituel.  

      Enseignez à ces petits, les Aînés.  

      Car, en tant qu’Aînés, nous devons apprendre la simplicité de l’enfance. »

      Explication manuscrite au crayon au verso de la peinture, Norval Morrisseau, 1990

        Pourquoi suis-je en vie? Pour vous guérir, vous autres qui êtes plus mal en point que moi.

        Norval Morrisseau dans Christopher Hume, « Morrisseau’s New Colors Dazzle », Toronto Star, 7, 1991.

        Norval Morrisseau, Flowers Yellow Birds, 1991.
         

        Ce tableau coloré, exécuté tardivement, est un hommage aux liens de parenté entre les oiseaux et les fleurs.

        Norval Morrisseau, Untitled (Two Men Blues), 1991.

        Dans les dernières années de sa carrière, Morrisseau poursuit son exploration des relations sacrées et sexuelles. Cette œuvre comprend les deux nuances de bleus sacrés offerts à Morrisseau et, dans celle-ci, l’union s’accompagne de la transformation d’un ours sacré.

        Dans ce tableau du début des années 1990, Morrisseau revisite la notion d’amour-médecine avec l’union du masculin et du féminin. La flore et la faune enveloppent les figures tandis que la palette de couleurs de fond oscille de bleus sombres à des bleus clairs – en hommage aux couleurs sacrées offertes à l’artiste.

        Norval Morrisseau, Untitled (Male and Female Blues), 1991.

        Norval Morrisseau, Grandfather Tells of Giant Bear, 1992.

        Morrisseau peint le géant ours sacré plus tard dans sa carrière. Comme il vit sur la côte ouest, l’ours blanc se niche dans les montagnes. Sous l’ours et les montagnes, une famille participe à une cérémonie dans une tente, entourée d’ancêtres. 

        Avec ses couleurs vives, Morrisseau combine des enseignements spirituels dans les peintures qu'il a créées plus tard dans sa carrière. Dans Thunderbird Man Child Yellow Portal Red, on voit l'Oiseau-Tonnerre transporter l'homme et l'enfant vers un portail astral. La sphère qui encercle les êtres relie les oiseaux, les poissons et les animaux.

         

        Norval Morrisseau, Thunderbird Man Child Yellow Portal Red, 1993.
         

        Photographie de Fred Cattroll, avec l'autorisation de l'Indigenous Art Centre Collection, CIRNAC, Ottawa, ON.

        Photographie de Norval Morrisseau entouré de ses collections d'art et d'objets de collection en 1997.

        Norval Morrisseau, Thunderbird and Canoe in Flight, Norval on Scooter, 1997.

        Ce tableau, réalisé vers la fin de sa carrière alors qu’il est atteint de la maladie de Parkinson, comprend une petite apparition de Morrisseau sur un quadriporteur. L’artiste peint aussi une Coccinelle Volkswagen rouge dans ce tableau, l’un des seuls à contenir un véhicule.                                        

        Morrisseau reprend un certain nombre de ses motifs antérieurs, tels que l’Oiseau-Tonnerre et le canot en écorce de bouleau, souvent observés dans ses œuvres consacrées à la migration. Des poissons sacrés se déplacent également d’un monde spirituel vers un autre. 

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